Historique de la Broderie Mécanique à Villers-Outréaux
Origines et contexte
19e siècle : Le Nord de la France connaît un fort développement de l’industrie textile. Villers-Outréaux, village rural situé dans l’arrondissement de Cambrai, s’inscrit progressivement dans cette dynamique, bénéficiant de sa proximité avec les grands centres industriels du textile.
C’est à cette époque que la broderie mécanique commence à remplacer les techniques artisanales traditionnelles. Les machines permettent une production plus rapide et à moindre coût.
L’essor de la broderie mécanique (fin 19e – début 20e siècle)
1870-1914 : La région devient un pôle important de la broderie industrielle. À Villers-Outréaux, de nombreux ateliers familiaux se transforment en ateliers mécanisés. Les ouvriers travaillent sur des machines dites « Cornely », du nom de l’inventeur de la première machine à broder à point de chaînette.
La broderie produite est principalement destinée à la lingerie, la mode et les articles de maison (napperons, rideaux, mouchoirs…).
Impact des guerres mondiales
Première Guerre mondiale : Villers-Outréaux est occupé par les Allemands, puis détruit à plus de 80 % à la fin de la guerre. L’industrie locale, dont les broderies, est anéantie.
Fait notable : La ville est libérée en 1918 grâce à l’action héroïque du sergent britannique Thomas Hunter, ce qui marquera durablement la mémoire locale.
Entre-deux-guerres : Reconstruction lente, mais la broderie mécanique repart. L’activité reste très présente, malgré la modernisation difficile des structures.
L’apogée et le début du déclin (années 1950-1970)
Années 1950-1960 : Période faste. De nombreuses PME familiales sont actives, avec parfois des dizaines de machines Cornely dans un même atelier.
La broderie de Villers-Outréaux est réputée pour sa qualité. Elle est exportée et alimente les grandes maisons de couture françaises.
Années 1970 : Début du déclin industriel. La mondialisation, la concurrence des pays à bas coûts et les nouvelles technologies entraînent la fermeture progressive des ateliers.
Déclin et mémoire du savoir-faire
Années 1980-2000 : De nombreux ateliers ferment. Ceux qui survivent se reconvertissent ou travaillent pour des niches spécifiques.
Malgré tout, le savoir-faire persiste dans certains foyers, parfois transmis de génération en génération.
L’art de la broderie mécanique reste ancré dans la mémoire collective locale.
Evolution des Machines à Broder
Les débuts de la broderie mécanique
XIXe siècle : Apparition des premières machines à broder mécaniques, actionnées manuellement ou à pédale.
1920-1950 : Machines à une seule tête motorisées, introduites dans l’industrie textile, permettant la standardisation de motifs.
Introduction des machines multitêtes
Années 1960-1970 : Développement des premières machines multitêtes (plusieurs têtes brodant le même motif simultanément).
Permet la production en série de broderies identiques.
Gain de temps et de productivité dans les ateliers.
Exemple : la marque Tajima commence à se faire un nom dans ce domaine dès les années 1970.
Informatisation et automatisation
Années 1980-1990 : Introduction de l’informatique dans la broderie :
Logiciels de digitalisation des motifs.
Machines contrôlées par microprocesseur.
Mémoire intégrée permettant de stocker plusieurs motifs.
Les machines multitêtes deviennent plus précises, rapides et polyvalentes.
Début du multi-aiguilles automatisé, réduisant les interventions humaines.
Technologie moderne (2000 – aujourd’hui)
Machines multitêtes équipées de :
Écrans tactiles.
Connexion USB, Wi-Fi, cloud pour le transfert de motifs.
Capteurs intelligents (détection de fil cassé, tension, etc.).
Possibilité de broder différents motifs sur chaque tête simultanément (machines multiséquences).
Intégration avec des logiciels de CAO/DAO textile comme Wilcom, Pulse, Hatch.
Matériaux et supports de broderie de plus en plus variés (cuir, denim, stretch…).
L’essor de la broderie en France
En Europe, la Renaissance marque un tournant dans l’histoire de la broderie avec l’apparition de motifs de plus en plus complexes et de techniques variées. En France, cet art se développe particulièrement à partir du XVIIe siècle, notamment avec la broderie au point de Beauvais et la broderie blanche. Au XIXe siècle, la mécanisation révolutionne la production, rendant la broderie plus accessible tout en préservant un savoir-faire artisanal unique.
Un savoir-faire & Héritage préservé
Villers-Outréaux, dans les Hauts-de-France, a su transformer son activité agricole en un centre majeur de la broderie. Dès la fin du XIXe siècle, les habitants adoptent cette activité, et en 1888, le premier métier à bras est installé. L’évolution vers les métiers automatiques puis électroniques fait du village le plus grand centre de production de broderie en France, lui valant le titre de « Capitale de la Broderie Française ».
Fondée en 1960, la Coopérative des Brodeurs du Vermandois perpétue cet artisanat en alliant tradition et modernité. Ses artisans passionnés continuent d’innover tout en respectant l’authenticité et la qualité qui font la renommée de la broderie française.
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